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    Dans le creux de ton cou, là où naît ton épaule
    je viens poser mes lèvres, et tendrement tu miaules…
    Mais qui dit que parfois, quand la journée expire,
    je ne sens pas en moi des envies de vampire ?

    Mes lèvres sur ta peau, goûtant à ta douceur ;
    dans nos corps se conjuguent des montées de chaleurs,
    et je sens naître en moi un soudain appétit :
    faire avec toi festin, entre autres facéties…

    Alléchante blancheur des courbes de ta gorge,
    pâleur immaculée, mon désir qui se forge,
    mais je ne veux laisser, là sur ta peau diaphane,
    la marque de mes crocs : sacrilège profane …

    Pour pouvoir résister à mes sombres pulsions,
    je m’en vais les noyer dans un flot de passions :
    tout au long de ton dos laisse glisser mes lèvres,
    je descend peu à peu, faisant monter la fièvre.

    Enfin ma bouche se pose dans le creux de tes reins :
    loin de la tentation, je redeviens serein.
    Mais tu te tournes alors, et te colles contre moi.
    Je dois serrer les dents pour calmer mes émois…

    Tu te loves sur mon corps, en une pose féminine,
    quand, au creux de mon cou, je ressens tes canines…

     

     

    ©copyright JMA

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    Depuis l’aube de mes temps, je cours après un ange
    Je comprends que cela puisse vous paraître étrange :
    on court après l’amour, on court après la vie,
    on court pour le plaisir, au gré de ses envies,
    mais on court rarement après une paire d’ailes
    à moins que l’on ne soit un chasseur d’hirondelles…

    Quelles sont mes intentions si je l’attrape enfin ?
    Car que peut-on donc faire avec un séraphin ?
    Ce n’est point un génie tôt sorti de sa lampe,
    exhaussant vos trois vœux pour dégourdir ses crampes.

    Peu m’importe que le mien ne possède nul pouvoir :
    je n’ai pour seul dessein que de l’apercevoir,
    lui parler de mes jours, de mes nuits, et de toi,
    de ton regard magique, tes yeux qui laissent pantois,
    ton visage si fin, et ta douce fragrance…

    Mon ange, s’il n’est trop sot, comprendra l’attirance
    que j’éprouve pour toi, la beauté de ton âme
    et peut-être que pour moi, il allumera la flamme
    dans tes yeux, dans ton cœur… alors à mon égard
    tu poseras enfin un tout autre regard !


    …

    …

    …


    Je sens là, sur ma peau, la caresse de ses plumes
    alors qu’en tes prunelles une douce lueur s’allume…

     

     

    ©copyright JMA

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    Elle a ouvert son coeur, espérant qu'on le lise,
    décrypte ses secrets, extirpe ses hantises
    Mais mes yeux n'ont su lire, embués de bêtises
    Ou aveuglés, par crainte de faire une méprise.

    Elle a poussé un cri, espérant qu'on l'entende,
    son appel était fort, son attente était grande
    Mais j'étais bien trop sourd, les mains sur les oreilles
    Refusant de sa voix écouter la merveille

    Venant alors à moi, elle m'a pris la main
    Pour m'attirer à elle, que je suive son chemin
    Mais mes pieds étaient lourds, et je ne pus bouger
    Enlisé dans la vie, je n'ai pu me dégager

    Alors se dénudant, elle s'est collée à moi
    Libérant tous mes sens, réveillant mes émois
    Sorti de ce carcan, j'ai exploré son coeur
    Toujours ouvert pour moi, à remplir de bonheur

    J'ai écouté son cri, le rendant plus joyeux
    Transformant une plainte en son mélodieux
    Et la main qui m'avait entraîné dans cette fièvre
    Doucement j'ai baisée, la gardant sur mes lèvres

     

    ©copyright JMA


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  • Un texte un peu plus long que d'habitude... illustré par une toile de Degas

     

    Ce soir en la clairière cernée par ma folie
    s’organise un grand bal, où sont conviées mes muses :
    elle qui savent faire phrases de ma mélancolie
    et traduisent mes émois en tirades profuses…

    Cartons d’invitations sans aucune signature.
    Qui organise le bal ? Cela reste un mystère
    n’inquiétant pas les muses, aux envies d’aventures !
    Si l’une sait le secret, elle a bien su le taire…

    Pour l’ouverture du bal, une musique nostalgique
    Tout de suite, sur la piste, vient ma muse chagrine
    ne pouvant résister au violoncelle tragique,
    virevoltant dans le cercle, comme une ballerine.
    Un visage aux traits fins, toujours la larme à l’œil ;
    par ses amples mouvements, elle crie sa solitude !
    De ses amours passés, n’a gardé que le deuil :
    la tristesse maintenant est pour elle habitude.

    Puis le rythme s’anime… ma muse mélomane
    étudie le tempo, du doigt marque la mesure ;
    subtilisant des notes, telle une cleptomane
    qu’elle organisera en une nouvelle mouture…
    Puis au gré de la vie, longtemps après la fête,
    au détour d’une phrase, si convient la cadence,
    glissera à mon oreille l’harmonie qui entête
    en souvenir lointain de cette soirée de danse…
    Pour conjurer de moi l’obsédante mélodie
    d’un fin drap de paroles, je dois la recouvrir :
    Même si j’oublie parfois un peu la prosodie,
    dans ce lit musical, une chanson va mûrir…

    Ensemble, toutes mes muses maintenant sur la piste
    participent au bal, espérant bien savoir
    qui donc les a conviées, et d’où provient sa liste ?
    Etre muse est secret, activité du noir…

    Passant de l’une à l’autre, c’est ma muse libertine.
    Pour chacune une caresse : la joue, le bras, le sein…
    notant les réactions de ses œuvres coquines :
    qui rougit, qui frémit… ici rien de malsain.
    Accumulant ainsi toutes ces petites choses
    que je n’ose pas voir quand je côtoie des femmes
    me ressort ces détails au cours de mes nuits roses
    où mes rêves s’embrasent, plus chauds que toutes flammes…
    Et au petit matin, quand je rouvre les yeux,
    naissent d’ardentes phrases de tous ces doux délices…
    Me garde les plus osées dans un cocon soyeux,
    Et les autres vous livre, dévoilant quelques vices…

    Regardant vers demain va ma muse d’espérance…
    Quel avenir se tisse au fond de ses yeux verts ?
    Que va-t-elle me montrer, pour me prouver ma chance ?
    Avec elle je n’ai crainte d’affronter les hivers.
    Sur la piste de danse, tous ses pas vers l’avant !
    L’avenir est en face, alors pourquoi le fuir ?
    Rajuster les couleurs, pour le rendre attirant ;
    d’une nouvelle lumière, l’espoir fera reluire…
    Des gouaches de mes phrases, diminuera le gris,
    en glissant à la place des nuances bien plus chaudes ;
    lissera l’écriture, gommant les traits aigris.
    Des avenirs plus doux avec elle j’échafaude…

    Ma muse récréative proposa une ronde :
    « Tournons main dans la main, au rythme de la musique :
    au centre de ce cercle, on recréera un monde.
    Chacune mettra du sien : par une formule magique,
    la muse féerique nous fera apparaître
    celui qui, cette soirée, nous convia à la danse.
    Espérons que ce sort nous le fera connaître,
    sans quoi, la déception de toutes serait immense… »

    Le cercle de mes muses commence à tournoyer…
    Au milieu, peu à peu, s’accumulent des détails :
    une larme, un fou rire, une lettre envoyée,
    la courbe d’une jambe, des cheveux en batailles…
    Toutes ces petites choses qui parsèment nos vies,
    que, consciencieusement, mes muses récupèrent,
    mélangent et organisent, pour un jour, à l’envie,
    me les représenter sous une autre lumière.

    La ronde s’accélère, poursuivant la musique :
    au centre de ce cercle, une nébulosité.
    Commence la psalmodie de la muse féerique,
    velouté de sa voix, douce virtuosité…
    Le nuage s’épaissit, l’allure se précipite !
    Et cette voix qui tourne en ses incantations…
    La brume a l’air de battre, comme un cœur qui palpite.
    Toutes sentent qu’approche enfin l’heure de révélation…
    La vie prend peu à peu possession du nuage :
    des formes se dessinent, nébuleux érotisme,
    un corps semble émerger de ce vibrant mirage
    alors que la musique atteint son paroxysme…

    La folle ronde se resserre : se tenant par la taille,
    les muses se rapprochent, toujours en rotation !
    La muse féerique continue la bataille,
    attaquant l’ultime stance de son incantation…
    Alors le sortilège, dans une nuée d’éclairs,
    attire toutes les muses au centre de la ronde
    pour les agglomérer, magie corpusculaire,
    à la forme naissante : thaumaturgie féconde…
    La musique se calme : un doux chant de réveil
    s’élève maintenant au cœur de la clairière.

    Les muses ont disparu ; plus que toi qui sommeille,
    dévêtue, alanguie, sur un lit de bruyères…
    Craignant que tu n’ais froid, j’arriverai alors,
    dans cette place magique, sortant de ma folie,
    pour venir recouvrir d’un drap multicolore
    la blancheur de ton corps, au sein de son grand lit.
    Quittant cette torpeur, tu ouvres enfin les yeux.
    Sans poser de question, te blottis contre moi.
    Un flot de sentiments, sages, coquins, merveilleux,
    me submergea soudain, attisant mes émois…

    Mais il faut une morale pour finir cette fable :
    En toi je trouve tout : joie, tristesse, féerie,
    des moyens d’exprimer toutes ces choses ineffables…
    Je n’ai qu’une seule muse : c’est toi mon égérie !

     

     

     

    ©copyright JMA

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    Tant de temps à t’attendre
    Tant de nuits sans t’aimer
    Sans toucher ton corps tendre
    Tentations de t’embrasser

    Où te tiens-tu ? Distance trop grande
    Trajet troublé, station suivante
    Au terminus, faire demi-tour ?
    Aucune certitude de ton amour

    Mais l’attrait de tes étreintes
    Me fera-t-il tirer un trait
    Sur mes antécédents sans teinte
    Désir tari, tout a raté.

    Tension tenace, trouble visible
    Premier contact, en tête à tête
    Trac et timidité risible
    Entente tacite que l’on accepte

    Tentative de tourner la page
    Repartir tel un débutant
    Jeter l’ancre, dernier accostage
    Amour, santé… plus de tourment

     

    ©copyright JMA


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